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Adolphe Alphand, paysagiste de Paris

Photo d'Adolphe ALPHAND

La révolution urbaine menée sous le Second Empire (1852-1870) avait pour mission de faire de Paris une capitale moderne. Le baron Haussmann ne se contente pas de percer des boulevards et de bâtir des îlots d’immeubles. Il porte une attention particulière à la création des espaces verts nécessaires pour embellir et assainir l’ensemble de la ville.

Adolphe Alphand, appelé pour réaliser ce projet pharaonique, offre aux Parisiens la pluparts des jardins et parcs actuels.

Homme à Haussmann

Adolphe Alphand (1817-1891) commença sa carrière en Gironde. Ingénieur des Ponts et Chaussées, il y inspecte des ports depuis 1844. C’est là qu’il est remarqué par Haussmann, alors préfet de Bordeaux à l’époque. Alphand est un homme doué avec une énergie inlassable, très fécond dans son travail et apprécié par la souplesse de caractère. En effet, il est capable de mettre de coté ses propres conceptions lorsqu’elles se différaient avec les vues de l’administration. Décidé ! C’est à lui qu’en 1854 le baron Haussmann, devenu préfet de la Seine, confie la Direction des Promenades et des Jardins.

Parcs à l’anglaise

Paris à cette époque se contente de trois grandes promenades : le Luxembourg, les Tuileries, les Champs-Élysées. Pour remédier à la situation Adolphe Alphand s’inspire des vastes parcs anglais, agrémentés de statues antiques, de kiosques, de bassins.

Avec son équipe d’architectes et d’horticulteurs de talent (Davioud, Barillet Deschamps…) Alphand crée un style paysager éclectique propre à Paris : irrégulier, paysager, pittoresque. Le nouveau jardin se caractérise par le vallonnement des pelouses, la diversité des perspectives, la présence de l’eau et d’écrans de verdure, la forte connotation architecturale et l’emploi de nouveaux matériaux.

Adolphe Alphand aime les arbres et il en plantera une foule (entre 82 000 et 87 000 !). Il crée également de somptueux massifs floraux, soucieux, écrira-t-il, « d’inspirer et de maintenir dans la population le sentiment du beau».

Entre 1850 et 1870, 87 ha d’espaces verts y ont été créés, un véritable réseau de verdure qui structure le paysage urbain:

• Des larges parcs suburbains (bois de Boulogne et bois de Vincennes) destinés à l’ensemble des Parisiens

• Des espaces centraux de plus petite taille : parcs et jardins reliant plusieurs quartiers (Parc Monceau, parc Montsouris, parc des Buttes-Chaumont)

Les Buttes Chaumont, situées à l’emplacement du funeste gibet de Montfaucon, constituaient le dépôt favori des déchets des Parisiens. La réussite est remarquable. Le nouveau parc avec son lac, ses grottes et un pont suspendu, inauguré le 1er mai 1867, jour de l’ouverture de l’Exposition universelle, émerveille les visiteurs.

Aux parcs s’ajoutent des espaces limités à l’échelle du quartier, des squares (square du Temple, square des Batignolles) réservés en priorité aux familles populaires, aux femmes et aux enfants. Aucun square ne devait être à plus d’une demi-heure à pied du domicile de chaque Parisien !

• Des espaces de liaison, sous forme d’allées, de promenades, plantées d’arbres (actuels boulevard Richard-Lenoir, avenue Foch, boulevard Voltaire)

Les jardins du nouveau Paris sont un espace de promenade pour tout le monde ! C’est une école en plein air, salon pour les dames et lieu de brassage des classes sociales. Le mobilier d’accompagnement est à disposition des promeneurs : candélabres, urinoirs, bornes fontaines, grilles d’arbres et surtout des bancs publics.

Adolphe Alphand a si bien contribué à cette innovation qu’après la chute du Second Empire, la toute jeune IIIème République le promut directeur des travaux de la Ville.

Décoré de la Légion d’honneur et admis à l’Académie des Beaux-Arts il ne perd pas son ardeur au travail jusqu’à sa mort, le 6 décembre 1891. La ville de Paris lui organisera des funérailles grandioses. Adolphe Alphand est inhumé au cimetière Père-Lachaise.

Sources :
Bimensuel TDC, Le Paris d’Haussmann, N 1075, 2014
Revue du Souvenir Napoléonien (en ligne), N 447, 2003
Le Parisien (Histoires de Paris), Le Paris d’Haussmann, N 4, 2018

Savoir +
Adolphe Alphand, Les Promenades de Paris, 1867-1873