Une chimère

Gargouilles et chimères, sentinelles des églises

Une gargouille (du latin « garg » → « gorge », et de l’ancien français « goule » → « gueule ») est, dans l’architecture, une gouttière qui fait écouler les eaux de pluie à la différence des chimères, créatures fantastiques, qui n’ont qu’une fonction d’ornement.

Cette différence n’empêche pas à ces monstres de vous tirer la langue, de faire des grimaces menaçantes et des gestes indécents depuis les toitures des églises.

Pourquoi ?

Parce que les gargouilles et les chimères ont un rôle de protéger des édifices religieux contre les démons et les pêcheurs. En contact avec l’extérieur, le monde du Mal, elles rappellent que le Bien se trouve à l’intérieur de l’Eglise, et par son aspect effrayant elles maintiennent éloignés des lieux sacrés les ennemis de Dieu. A l’intérieur donc, rien ne menace aux fidèles puisque l’esprit du Malin n’osera pas y entrer.

Les gargouilles jouent en plus un rôle purificateur en faisant écouler les eaux de pluie à une certaine distance des murs afin de les protéger.

Voici leur petite histoire…

…. qui commence au XIII siècle. C’est sur certaines parties de la cathédrale de Laon qu’elles apparaissent, vers 1220. Ces gargouilles, descendantes des chéneaux, sont encore larges, peu nombreuses, composées de deux assises, l’une formant rigole, l’autre recouvrement. Cependant elles ont déjà une forme d’animaux fantastiques, lourdement taillés.

Bientôt les architectes du XIII siècle découvrent un moyen de diviser les chutes d’eau et de réduire chacune d’elles à un très mince filet d’eau ne pouvant nuire aux murs de constructions. On multiplie donc des gargouilles. Elles deviennent plus fines, plus sveltes, soutenues par des corbeaux (supports en pierre) qui permettent de leur donner une très grande saillie en avant.

Gargouilles et chimères de Notre-Dame de Paris

Sans mentir, elles sont les plus fantastiques ! Composées avec une grande énergie et vivacité, elles sont taillées par les mains habiles des artisans de Paris dont l’école de sculpture, au Moyen Age, a une supériorité incontestable sur celles des provinces voisines.

Certains calcaires du bassin de la Seine, comme le liais-cliquard, ferme et résistant, se prêtaient merveilleusement à la sculpture de ces morceaux de pierre.

Pourtant, les gargouilles et les chimères de Notre-Dame ne sont pas du Moyen Age! Celles d’origine étaient presque toutes déposées au temps de la Révolution quand la cathédrale a été sauvagement vandalisée.

Eugène Viollet-le-Duc et Jean-Baptiste-Antoine Lassus restaurent le monument (1844-1864) et remplacent les gargouilles détruites en ajoutant de nouvelles ainsi que cinquante-six chimères, dont la fameuse stryge (démon femelle ailé) ornant la galerie.

Ces sculptures, réalisées par l’équipe de Victor-Joseph Pyanet, découlent de l’observation d’autres monuments dont Notre-Dame de Laon et de Saint-Urbain de Troyes.

Viollet-le-Duc, au cours de la restauration de la cathédrale de Notre-Dame, fait un éloge des artistes d’autrefois qui ont donné une variété des formes absolument prodigieuse à ces créatures. « Nous n’en connaissons pas deux pareilles en France », affirme-t-il.

Sources :
Viollet-le-Duc, Encyclopédie médiévale
Wikipédia

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Edition du roman de Victor Hugo « Notre-Dame de Paris » merveilleusement illistrée par Luc-Olivier Merson

21 août 2018, Ekaterina Tolstykh    
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